Le printemps, attendu chaque année, nous laisse souvent sur notre faim. Quand je me remémore les printemps que j’ai vécus au bord de l’eau, je me dis que cette saison est bien particulière. Son début peut parfois être assimilé à un véritable hiver, alors que son dernier mois peut parfois ressembler à l’été… Difficile d’établir des règles pour cette saison, qui peut voir la température de l’eau passer de moins de 10 °C à plus de 25…
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’hiver vient de se terminer… Il fait bien souvent frais pour ne pas dire froid, lorsque le troisième week-end de mars annonce l’arrivée généralement timide du printemps. À ce moment-là, les arbres ne sont pas encore verts, mais on devine des bourgeons qui ne demandent qu’à s’ouvrir… Cependant, si plusieurs jours de douceur et d’ensoleillement ont vite fait d’amener des modifications radicales du paysage qui nous entoure, n’allons surtout pas croire que tout se passe aussi vite « sous la surface ». L’eau possède une propriété très importante qui est sa « chaleur spécifique » (quantité de chaleur nécessaire pour élever de 1 °C la température d’un gramme d’eau). Sa valeur élevée explique le fait qu’une masse d’eau peut acquérir ou perdre de grandes quantités de chaleur, sans pour autant voir sa température varier franchement. Il en résulte que la variation quotidienne de température est bien plus faible dans l’eau que dans l’air et qu’en conséquence, les organismes aquatiques ressentent bien moins rapidement les effets bénéfiques d’un réchauffement que les organismes « terrestres ». Cette caractéristique amène une stabilité thermique au milieu aquatique, favorable aux animaux qui y vivent, car ils sont hétérothermes dans leur très grande majorité (la température de leur corps varie en fonction de celle du milieu ambiant). Ainsi, l’eau et tout ce qu’elle contient se réchauffent et se refroidissent bien plus lentement que ce qui les entoure. Si cette particularité nous est plutôt avantageuse en automne, puisqu’à notre grand bonheur, la température d’une « masse d’eau » ne décroît pas subitement mais progressivement, le printemps est le moment où la nature nous fait payer le prix… du chemin inverse, celui de la phase de réchauffement qui est donc logiquement lente.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’eau entame alors sa phase de réchauffement…
En début de printemps, chaque nouvelle journée est plus longue que celle de la veille. Même s’il ne s’agit que de quelques minutes par semaine, nous nous rendons facilement compte que la durée des jours (autrement dit la durée potentielle d’ensoleillement) augmente. Les carpes le ressentent également. Au moins deux autres paramètres sont également captés par les carpes : la température de l’eau bien sûr… mais un autre, un peu plus difficile à percevoir pour l’homme que pour la carpe : l’angle que forment les rayons du soleil avec la surface de l’eau. Effectivement, le soleil monte un peu plus haut chaque jour, garantissant d’un meilleur angle la pénétration de ses rayons dans le liquide. Il devient donc un peu plus facile chaque jour à la lumière de percer en profondeur, ce qui est plutôt intéressant puisque la luminosité influe directement sur la distribution verticale de la végétation (photosynthèse), donc immanquablement sur le garde-manger des poissons. Pour cette raison, il est très facile de comprendre la transition avec l’efficacité des bordures, puisqu’elles représentent la plupart du temps « la » zone de vie principale et préférentielle de l’ensemble des organismes et micro-organismes du biotope.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Priorité aux bordures en cette saison !
Les divers aspects physiques énumérés plus haut permettent de comprendre aisément pourquoi les premières couches d’eau sont à prospecter en priorité en début de saison. La masse d’eau est encore froide dans sa globalité puisqu’elle vient de subir les rigueurs de l’hiver. Logiquement, les périodes d’ensoleillement vont être bien plus bénéfiques aux toutes premières couches d’eau.
D’autre part, tel un arbre qui reprend vie, la vie végétale aquatique va peu à peu en faire de même en bordure. Cette zone peu profonde dite « euphotique », où naissent myriophylles, potamots et bien d’autres végétaux, est un véritable hotspot en début de saison, car non seulement les jeunes pousses intéressent directement les carpes, mais sont aussi de véritables havres pour les très nombreuses espèces animales recherchées par notre poisson favori. Ces endroits sont donc à cibler en priorité.
Quels appâts utiliser ?
La température de l’eau n’atteignant pas des sommets, il est préférable de miser sur des appâts digestes et attractifs. Si le plan d’eau est nouveau pour vous, mieux vaut ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier et essayer plusieurs solutions. Suivant la quantité d’indésirables actifs, le maïs doux permet souvent de faire des miracles en début de saison, notamment en pêche de jour. Si vous laissez les cannes en place la nuit, mieux vaut avoir recours à un grain ou deux de « dent de cheval », afin de ne pas être à la
des brèmes toutes les heures. N’oubliez surtout pas les fameuses flottantes qui font des merveilles à cette saison. Le contraste entre l’appât et l’environnement stimule une carpe, au point de la pousser à le tester. Étant donné que nos mémères évoluent dans un « préférendum » thermique situé en bordure au printemps, c’est le meilleur moment pour utiliser des leurres flottants fluo, qui rapportent bien souvent des carpes « bonus », sur des cannes « chercheuses » lancées à divers endroits, tout au long d’une journée. On comprend aisément que ceci fonctionnera d’autant plus que l’eau sera claire.
Petit à petit, les hormones commandent…
Certaines journées de la seconde moitié du printemps peuvent, suivant les régions, ressembler à de véritables journées d’été. Lorsque c’est le cas, inutile de vous dire qu’il faut peu de temps pour que le thermomètre indique un petit +15 °C, notamment sur les frayères. Il est d’ailleurs très fréquent qu’un thermomètre plongé en ces lieux particulièrement peu profonds affiche 2 voire 3 °C de plus qu’à d’autres endroits d’un même grand lac, et les carpes n’ont aucune difficulté à les trouver.
Il est toujours bon de savoir où se trouvent ces lieux de rassemblement, afin de bien se positionner. Trouver les frayères principales n’est pas très compliqué et plutôt logique : visitez les secteurs peu profonds, les plus abrités du vent, où un support de ponte existe et vous ne serez pas loin du compte. Il ne reste plus qu’à vous munir de lunettes polarisantes ou de jumelles pour aller prospecter ici et là. De bonnes surprises sont parfois possibles. Apercevoir un grand poisson « insoupçonné » sur un plan d’eau vous motivera sans problème lors de vos pêches futures. Il est souvent nécessaire de répéter cette opération de repérage ; si vous ne ratez pas le jour « J », vous ne regretterez pas votre investissement et vos efforts vous permettront de vous faire une bonne idée du cheptel. Celui-ci se retrouve parfois concentré sur une très faible surface. Les poissons sont alors malheureusement très vulnérables à cette période et confrontés à tous les débordements possibles.
Des carpes fragiles
Parfois, il peut être compréhensible de profiter du grand rassemblement pour traquer des poissons. C’est notamment le cas sur les fleuves, où des carpes réalisent parfois de grands trajets pour se rejoindre. Pêcher à ce moment-là peut permettre de toucher le poisson « de l’année », celui qu’il aurait été bien plus dur de piquer en d’autres périodes et qui serait difficile à retrouver après coup. En eaux closes, il est préférable d’attendre la fin de leur ballet et c’est pour cela que de nombreuses AAPPMA préfèrent opter pour la fermeture temporaire de la pêche sur ces secteurs. Des pertes se produisent immanquablement lors du frai, sans que les pêcheurs y soient pour quelque chose, alors imaginez de combien celles-ci seront multipliées si ces carpes qui aspirent à une tranquillité méritée se font manipuler dangereusement à ce moment-là. La carpe ne possède pas de muscles abdominaux et de plus, la taille disproportionnée du ventre de certaines femelles provoque une diminution de l’épaisseur des tissus ventraux. Une trop forte pression sur les intestins, lors d’une séance photo, peut provoquer de graves lésions irréversibles chez une femelle. Un genou mal positionné lors de la photo, une main croyant bien faire mais qui comprime le ventre du poisson et celui-ci peut très bien s’en aller mourir peu de temps après dans son coin, alors que le carpiste heureux de sa prise ne se doute pas un seul instant du drame qui se jouera sous peu, un petit peu plus loin.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La règle des « 3F »
Les carpes qui s’apprêtent à frayer adorent l’extrait de foie additionné de Frolic concassés. Utilisez donc à cette époque de l’année un mix « 3F » qui correspond aux besoins (du moment) des carpes. Sur une base « fishmeal », incorporez 20 % de Frolic préalablement séchés et broyés au mixeur, mélangez le tout aux œufs, auxquels vous aurez pris soin d’additionner 50 ml d’extrait de foie par kilo de mix, d’où 3F pour fishmeal, foie et Frolic… Je vous souhaite un début de saison
2013 fabuleux !
Sujet: le printemps 
